Premier jour de la Semaine de Sensibilisation à l'Endométriose


Aujourd'hui, 2 Mars 2020, c'est le premier jour de la Semaine de Sensibilisation à l'Endométriose.

 

En février 2017 j'apprenais ma maladie, 

Cette Cœlioscopie a bousculé ma vie. Au moment où j'ai subi cette opération on ne s'imaginait absolument pas que l'issue de ce geste serait la découverte d'une Endométriose.

 

Deux mois plus tard; 18 ans,

J'avais déjà subi une précédente Coelioscopie où le chirurgien disait avoir trouvé des adhérences mais ne pas savoir de quoi il était question, j'avais également un stérilet Jaydess qui me faisait souffrir et ce violemment. En voulant consulter un autre médecin je suis tombée sur celui qui a accepté d'enlever le stérilet, et compte-tenu de la position étrange de l'utérus et la persistance de mes douleurs m'avait proposé une nouvelle chirurgie.

J'ai encore en moi tous ces souvenirs, ces moments de doutes, de peurs et de chagrin.

Ma maman était en vacances en métropole chez ma sœur aînée et ne pouvait donc pas être à mes côtés au CHU, mais étant donné que c'était censé être un petit contrôle de l'intérieur personne ne s'est douté.

 

J'ai embrassé mes proches, 

Mon hommes et je suis partie pour un long voyage au pays des rêves...

 

Je me lève et je manque de m'étouffer, je cherche mon compagnon, et puis... J'ai mal; c'est abominable. On me dit d'ailleurs que je vais pouvoir remonter en chambre. 

J'ai trouvé là mon médecin; qui attendait mon retour, le visage défait et la mine triste.

'Madame Lenepveu il faut que je vous parle".

Ce dont je me rappelle c'est que le mot Endométriose est sorti, un peu partout à l"intérieur de moi, autant de mots qui m'ont transpercée encore et encore.

J'ai pleurée, énormément, douloureusement et j'ai appelé mon compagnon pour lui annoncer. Mes proches présents à l'hôpital se sont retrouvés face à une détresse qu'ils ne pouvaient apaiser.

 

J'ai appris à vivre avec, j'ai enduré la ménopause chimique (Décapeptyl) avec courage.

6 litres d'eau par jour, les cheveux qui s'en allaient.

J'ai eu une magnifique cicatrice au nombril et mon moral est tombé plus bas que terre.

 

Mais j'ai appris également, appris qu'une maladie de femme laisse souvent la société indifférente. Que parfois même le corps médical méprise, comme la société méprise, comme les hommes méprisent les "Règles douloureuses". J'ai appris que pour énormément de monde le fait d'avoir mal est NORMAL, et que c'est le lot des femmes.

Comment encore aujourd'hui la société normalise la douleur?

Pourquoi la femme doit endurer ça? Parce que un jour il a été écrit qu'elle a tenté l'homme avec une pomme?

 

J'ai pris conscience au fil des années de mon corps, et avec étonnement je constate que beaucoup de femmes ne connaissent pas leur "Clitoris", ne savent pas qu'elles ont droit de vouloir ou pas un rapport sexuel et ce même avec leur compagnon car couple ne veut pas dire oui quand on ne veut pas. Avec émotion j'ai vu des femmes souffrir à s'arracher les cheveux et parfois dans l'indifférence la plus totale.

Et je me demande comment et pourquoi?

Pourquoi encore cette discrimination? Pourquoi les femmes qui ne peuvent plus travailler avec la maladie sont considérées bien souvent comme des assistées en manque de courage?

 

Quand prendra-t-on les besoins de celles qui souffrent au sérieux?

Toutes et tous nous avons été mis au monde par une femme, nous avons peut-être une sœur, cousine, belle-sœur, compagne, belle-mère, épouse, copine, amie, fiancée, collègue, voisine, ... 

Alors comment et pourquoi rester encore dans l'indifférence? Parfois je suis hors de moi car souvent je vois n'importe quoi qui se partage, mais quand il est question d'un sujet sérieux et sensible comme l'Endométriose alors là ça devient tout de suite plus compliqué.

Moi je parle, je dis les choses, mais juste une seconde... Combien de femmes, jeunes filles ne trouvent pas comment dire ce qu'elle vivent?

Combien vont dire de leur collègue : "Y vient pas travaille même! Y aim assise!", tout en ne sachant pas que celle-ci est la tête dans les toilettes en train de se vider par la bouche, vomir tellement elle souffre. 

"Y fé un bou temps lé avec, y compte pas faire marmaille! Y aime trop amuser mène la vie!", sans savoir que ça fait des années et plusieurs fausses couches pour cette femme, qui bien souvent n'ose même pas partager son parcours par peur d'entendre: "Na pas rienk marmaille dans la vie hein: Ou gagne faire autre chose aussi ou pense ote travail!".

"Moi quand moi té jeune la ben n'avait pas cinéma comme ça hein!", combien de fois je l'ai lue, entendue cette phrase.

 

Mesdames; mesdemoiselles, soyons solidaire et pensons que si pour certaines les règles ne sont pas un cauchemar, et bien ça l'est pour d'autres. Si entre nous parfois on ne s'entend pas ça risque d'être compliqué. L"Endométriose comme on en parle c'est encore bien plus profond et complexe que l'idée juste des: "Règles douloureuses" car la société véhicule encore de l'injustice et des idées reçues:

* Combien de femmes n'osent pas dire à leur partenaire leur douleurs sexuelles (dyspareunie) par peur d'être traitée de "frigide" ou "infidèle"? Combien n'osent pas le dire à leur partenaire par peur de le froisser parfois car certains hommes ne comprennent pas? Pourquoi la société fait encore trop souvent croire que la femme doit s’exécuter et c'est tout?

* Combien disent à leur fille que c'est normal d'avoir mal, qu'il faut arrêter de vouloir sécher l'école parce qu'elle va rater sa vie si elle continue à faire exprès.

* Non! Tu prendras pas la pilule je refuse que tu couches!! C'est quand qu'on explique que prendre la pilule ne veut pas dire absolument SEXE!?

* Non mais tu exagère! Pourquoi minimiser toujours et encore la douleur, encore plus quand la personne est en train d'en vomir. Oui j'imagine que accoucher fait mal, et quand certaines Endogirls disent avoir moins souffert en accouchant on leur jette la pierre? Si on respectait la douleur de chacune?

* NON, AU GRAND JAMAIS, ENDOMÉTRIOSE n'est pas qu'une maladie de FEMMES! Nous sommes toutes et tous concernés, personne ne vit dans un monde où il n'y a aucune trace de femme, alors ne méprisons pas celles qui souffrent, mes parents n'auraient jamais pensé me voir malade, et encore plus aujourd'hui on accorde de l'attention aux autres.

 

J'ai deux magnifique nièces, je suis la tata de plusieurs enfants et je ne veux pas que mes petites puces grandissent dans un monde où quand il est question de la femme on détourne le regard, je veux qu'elles puissent s'épanouir et être entendues si un jour ça ne va pas.

Je ne veux pas qu'on leur apprenne qu'elle doivent faire ci ou ça. Mais au contraire qu'elles doivent grandir et apprendre à être heureuses pour elles premièrement, et pleinement pour que cette joie d'exister en tant que femme apporte du bonheur aux autres également.

 

Je suis 1 femme sur 10. 

Je suis une Endogirl,

Je suis une Femme


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