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La sexualité et l'Endométriose


La dyspareunie défini l'apparition de douleur lors du rapport sexuel. Elle impacte la sexualité, touche l’intimité.

 

La honte d'en parler

 

Quand il est question du domaine de l'intime, il peut être difficile d'aborder le sujet de la douleur sexuelle. Expliquer que ce que devrait être un moment d’échange et de plaisir partagé devient une souffrance indicible.

Le jugement blesse également, entre certains professionnels de santé qui peuvent tenir des propos hallucinants: "C'est parce que vous ne savez pas vous y prendre", "peut-être il vous faudrait changer de partenaire!", "Vous n'avez peut-être pas vraiment envie.", "Vous êtes sûre que votre couple se porte bien?", et bien d'autres réflexions dont j'ai eu connaissance.

 

Il est anormal que dans le corps médical ces clichés et préjugés soient encore balancés à la patiente ou au couple en consultation. D'autant plus quand la patiente est atteinte d'Endométriose. Celle-ci vient chercher auprès d'eux un accompagnement, une écoute et une pris en charge adaptée à la pathologie. La vie sexuelle fait partie de la vie et entre dans le domaine du bien-être pour l'individu.

 

La honte de dire qu'on a mal, et au fond la peur d'avouer comme si cette douleur était le signe d'une quelconque faiblesse ou culpabilité. Alors que tu n'es pas coupable de ta douleur, tu n'es pas coupable d'avoir mal.

 

Quand la société s'en mêle

 

Au quotidien, la société parle d'une sexualité épanouie et met en avant des critères physiques dits "idéaux", un rythme de rapport sexuels pour être dans la moyenne correcte. 

 

Mais au final, où est-il question réellement de ce dont on a réellement envie? Besoin? Donnons la plume aux femmes et soyons à l'écoute de leurs envies. On culpabilise souvent la femme, je trouve d’ailleurs aberrant cette histoire de "devoir conjugal" que certains utilisent pour faire pression et culpabiliser la femme qui ne souhaite pas avoir un rapport car elle souffre. Il faut mettre beaucoup plus le trait sur la notion de consentement, et cesser de parler de devoir.

Le sexe et on doit, ne font pas bon ménage quand il est question de consentement.

Est-ce que la société pourrait cesser de dire comment la femme doit-être dans sa tête où son corps?

 

S'écouter

 

Par dessus tout il faut s'écouter et s'entendre. La dyspareunie est difficile au quotidien, le corps qui souffre, l'envie de faire l'amour et ne pas pouvoir accéder à ce désir sans avoir cette douleur fulgurante qui passe comme une aiguille dans le bas ventre.

Que ce soit la phase d'excitation, la pénétration et l'orgasme, ce sont des moments qui peuvent être très pénibles pour le corps qui coule dans la douleur. Et moralement, désirer et ne plus pouvoir accéder à ce désir dans la sérénité.

 

Je pense que pour pouvoir envisager de trouver comment peut-être faire les choses pour avoir une sexualité en accord avec la maladie; il faut admettre que la douleur existe, ne pas se la cacher et la refouler puis subir; il faut admettre cette douleur pour pouvoir déjà se libérer de tout ça et envisager la suite.



Le couple et le dialogue

 

Au sein du couple la difficulté lors des rapports ou l'impossibilité totale d'avoir un rapport peut créer des tensions, des situations de chagrins et d'incompréhension. La femme peut ne pas oser en parler à son conjoint, par peur de décevoir, par peut d'être quitté, par peur d'être jugée car la société met tellement l'accent sur la vie sexuelle parfaite où la femme fait toute sorte de choses.

 

Elle peut également avoir peur de lui dire car il pourrait se sentir mal, mal peut-être en croyant que c’est lui qui s'y prend mal. Et tous les deux pourraient même se refermer et s'enfoncer dans une plaie silencieuse sans oser lever le voile sauf tout ça.

 

Puis quand on crève l'abcès, on revit, on discute et on échange. Position, rythme, endroit où ça fait mal ou pas. On s'ouvre sur les désirs de l'autres, ses peurs, ses plaisirs.

On réapprend à faire l'amour. Et avec le temps on réalise que cette sexualité est unique, on découvre de nouveaux gestes et cette sensibilité accrue. De le faire et le faire dans cette harmonie affranchie de toutes ces idées reçues. Le sexe n'est pas forcément pénétration, pas forcément vite, fort, pas forcément le plus profond est le meilleur.

 

Faire l'amour c'est se goûter, se découvrir mutuellement chaque fois un peu plus, s'apprendre, se réapprendre. Tomber et se relever, tenter, et explorer. Toujours dans l'écoute de l'autre et surtout de soi, s'écouter et prendre plaisir au travers du plaisir des deux.

 

Avec le temps je me suis ouverte sur le sujet, et je lui ai dis que je suis heureuse de cette capacité qu'il a de comprendre que tout n'est pas un grand film porno, et que s'écouter ouvre la porte à des émotions et sensations indescriptibles.

La dyspareunie m'a longtemps laissé des larmes d'amertumes, mais quand j'ai admis et me suis laissée allée a être nous sans faire comme tel ou tel film on s'est senti bien.

 

Au fil du temps, à s'observer, à tout faire pour se comprendre il est arrivé a voir si j'ai mal juste en regardant mon visage pendant, à déceler ce petit changement de trait furtif, et de lui-même s'arrêter.

Pour moi un homme qui sait dire; "non tu vas mal, je vois que tu as mal au ventre ou fatiguée", qui comprend que sa femme souffre c'est beau.

 

Il y a temps à dire concernant le sujet!


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